Politique monétaire non conventionnelle : efficacité et impacts

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Face à des crises économiques de grande ampleur, les banques centrales ont dû recourir à des politiques monétaires non conventionnelles pour stabiliser l’économie. Ces mesures, telles que l’assouplissement quantitatif ou les taux d’intérêt négatifs, visent à stimuler l’investissement et la consommation en augmentant la liquidité sur les marchés financiers.

Ces pratiques suscitent des débats sur leur efficacité à long terme et leurs impacts potentiels. Les critiques soulignent les risques de bulles spéculatives ou d’inégalités croissantes, tandis que les défenseurs mettent en avant leur rôle dans la reprise économique et la réduction du chômage.

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Pourquoi les banques centrales adoptent des politiques monétaires non conventionnelles

Face aux crises économiques majeures, les banques centrales, telles que la BCE, la Fed ou la Banque du Japon, se voient contraintes de déployer des politiques monétaires non conventionnelles. Ces mesures sont souvent une réponse à des situations critiques : déflation, krach boursier, faillite d’un établissement de crédit ou crise de confiance du secteur financier.

La crise financière de 2008 a marqué un tournant, poussant les banques centrales à expérimenter des outils inédits. Ben Bernanke, alors président de la Fed, a initié le quantitative easing (QE), consistant à acheter massivement des titres financiers pour injecter des liquidités dans l’économie. La Banque d’Angleterre a, quant à elle, lancé le Funding for Lending Scheme (FLS) en 2012 pour encourager les prêts aux ménages et aux entreprises.

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En réaction à la pandémie de COVID-19, les banques centrales ont de nouveau dû innover. La BCE a par exemple mis en place le Pandemic Emergency Purchase Programme pour soutenir l’économie européenne. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré que ces politiques naviguent en territoire inconnu et nécessitent coordination et coopération internationales.

La Banque des règlements internationaux (BRI), qui évalue les actions des banques centrales, a reconnu l’utilité des outils non conventionnels pour traiter les conséquences des crises économiques. Toutefois, des voix critiques alertent sur les risques de bulles spéculatives et d’inégalités croissantes. Mario Draghi, ancien président de la BCE, avait affirmé en 2012 que la BCE est prête à faire tout ce qu’il faut pour sauvegarder l’euro, soulignant ainsi la détermination des banques centrales à utiliser tous les moyens à leur disposition en période de crise.

Les principaux outils de la politique monétaire non conventionnelle

Les banques centrales ont développé et utilisé divers outils pour répondre aux crises économiques. Parmi ces instruments, certains se démarquent par leur impact et leur innovation.

Quantitative easing (QE) : cette pratique consiste pour la banque centrale à acheter massivement des titres financiers, tels que des obligations d’État ou des titres de créance privés. L’objectif est d’injecter des liquidités dans le système bancaire pour encourager le crédit et stimuler l’économie.

Assouplissement qualitatif : cette mesure vise à faciliter l’accès au refinancement bancaire en élargissant la catégorie des actifs éligibles comme collatéral. Cela permet aux banques de prêter plus facilement, même lorsque les actifs en garantie sont de moindre qualité.

Forward guidance : en annonçant que le taux d’intérêt restera très faible, voire nul, pendant une longue période, la banque centrale cherche à ancrer les anticipations des agents économiques. Cela vise à stabiliser les marchés financiers et à encourager l’investissement et la consommation.

Funding for Lending Scheme (FLS) : lancé par la Banque d’Angleterre en 2012, ce programme encourage les prêts aux ménages et aux sociétés privées non financières britanniques. En facilitant l’accès au crédit, il soutient la demande intérieure et la croissance économique.

Pandemic Emergency Purchase Programme : mis en place par la BCE durant la pandémie de COVID-19, ce programme injecte massivement des liquidités dans l’économie pour contrer les effets de la crise sanitaire. Il illustre la capacité d’adaptation des banques centrales face à des chocs économiques imprévus.

Ces outils, bien que diversifiés, partagent un objectif commun : stabiliser les économies en période de crise et rétablir la confiance des marchés financiers.

Évaluation de l’efficacité des politiques monétaires non conventionnelles

Les banques centrales ont adopté des mesures non conventionnelles face aux crises économiques majeures, mais leur efficacité suscite des débats. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), ces outils ont effectivement aidé à traiter les conséquences de la crise financière de 2008. Les évaluations varient selon les contextes et les objectifs spécifiques des interventions.

Évaluations par la Banque des règlements internationaux (BRI)

La BRI a reconnu le rôle fondamental des politiques non conventionnelles dans la stabilisation des économies. Les quantitative easing et les forward guidance ont permis de rétablir la confiance sur les marchés financiers. Toutefois, la BRI souligne aussi des risques potentiels :

  • Distorsions sur les marchés financiers
  • Endettement excessif des secteurs public et privé
  • Réduction de la marge de manœuvre pour de futures interventions

L’efficacité de ces outils dépend de leur capacité à atteindre les objectifs de politique monétaire, tels que la stabilité des prix et la croissance économique.

Retour d’expérience des banques centrales

Des figures emblématiques comme Mario Draghi et Christine Lagarde ont mis en évidence l’impact positif des mesures non conventionnelles. Draghi, en 2012, a souligné la détermination de la BCE à faire ‘tout ce qu’il faut’ pour sauvegarder l’euro. Lagarde, quant à elle, a insisté sur la nécessité de coordination internationale pour maximiser l’efficacité de ces politiques.

Bien que les politiques monétaires non conventionnelles aient montré des résultats significatifs, leur succès repose sur une évaluation continue et une adaptation aux évolutions économiques globales.

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Impacts économiques et sociaux des politiques monétaires non conventionnelles

Conséquences sur l’économie réelle

Les politiques monétaires non conventionnelles ont des effets directs et indirects sur l’économie réelle. En abaissant les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas, voire négatifs, elles visent à stimuler l’investissement et la consommation. Les quantitative easing (QE) injectent des liquidités dans le système financier, facilitant l’accès au crédit pour les entreprises et les ménages.

Effets sur le marché monétaire

Ces politiques influencent aussi les marchés financiers. En augmentant la demande de titres financiers, les QE entraînent une hausse des prix des actifs, réduisant les rendements obligataires. Cette dynamique pousse les investisseurs vers des actifs plus risqués, augmentant ainsi la valorisation des actions et des obligations d’entreprise.

Impacts sociaux et inégalités

Les conséquences sociales de ces mesures sont moins souvent discutées mais tout aussi majeures. Les bénéficiaires principaux des hausses de prix des actifs sont souvent les ménages aisés, possédant des portefeuilles diversifiés. En revanche, les ménages modestes, moins exposés aux marchés financiers, profitent peu de ces hausses, ce qui peut accentuer les inégalités de richesse.

Risques à long terme

Les risques à long terme ne doivent pas être sous-estimés. L’endettement accru des secteurs public et privé peut devenir insoutenable, surtout en cas de retournement économique. Les banques centrales peuvent se retrouver avec moins de marge de manœuvre pour réagir à de futures crises, rendant le système financier plus vulnérable.